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- La gratuité est un mystère divin. “La gratuité de l’amour
de Dieu est un mystère incompréhensible”(Dictionnaire de spiritualité
ascétique et mystique, t. VI, Beauchesne, 1967, p. 789). « Que l’on
ne demande plus à quoi sert Dieu…il ne sert à rien. Il n’est pas utile.
Mais gardons-nous bien de perdre le sens de l’inutile et du gratuit (…) Le bonheur
est ce qui ne s’achête pas et ne s’évalue pas, ce que l’on ne peut croiser
sur des tableaux statistiques. Il est l’inattendu, l’incalculable, l’inespéré
(…). Il s’insinue au coeur du temps perdu et de la gratuité. Il naît
là où il y a place pour l’inutile et le superflu. Il est à l’image
de Dieu» (Charles Delhez, Ce dieu inutile…, Ed. Lumen vitae et Fidélité,
1988, p. 22). «Ce n’est qu’à partir d’un Dieu dont on n’a pas besoin
qu’un peut accéder à une adoration authentiquement gratuite»
(François Varillon). « L’idole est un dieu taillé sur mesure,
un dieu utile. Si Dieu est à ce point inutile, à quoi sert la prière?
À rien ! Elle est précisément cet acte de parfaite gratuité
(…) L’adoration c’est la prière lorsqu’elle ne sert plus à rien»(Charles
Delhez, Ce dieu inutile…, Ed. Lumen vitae et Fidélité, 1988, p. 28).
2 - la prière et la foi sont des actes gratuits, c’est-à-dire inutiles
et sans fonctions. La prière est un acte inutile, effectué sans attente
de retour. La foi est le sens du gratuit : la foi est inutile et gratuite. «
Dieu est inutile. Voilà pourquoi il est essentiel. La prière est alors
espace de gratuité» (Charles Delhez, Ce dieu inutile…, Ed. Lumen vitae
et Fidélité, 1988, p. 21)
3 - L’amour de l’homme pour Dieu est un acte gratuit. Il apparait cependant que le
rapport de l’homme à Dieu ne s’exerce pas de manière unilatérale.
L’amour de l’homme pour Dieu est gratitude, humble désir “de découvrir
à travers le don l’intention du donateur”(Dictionnaire de spiritualité
ascétique et mystique, t. VI, Beauchesne, 1967, p. 796).
4 - la gratuité rapproche l’homme de son essence : « Plus une activité
à un côté “inutile” plus elle est humaine. Plus elle se situe
dans le registre du gratuit, plus elle touche à l’essentiel» (Charles
Delhez, Ce dieu inutile…, Ed. Lumen vitae et Fidélité, 1988, p. 19)
5 - Le don de Dieu est un don d’être (créationnisme) et non un don d’avoir.
“Nous ne pouvons pas essayer de nous dépouiller de tout ce que nous avons
reçu pour isoler un reliquat, un support, si pauvre soit-il, qui ne serait
pas don de Dieu”(Dictionnaire de spiritualité ascétique et mystique,
t. VI, Beauchesne, 1967, p. 791). Même le moi, notre liberté, etc. ont
été reçu de Dieu. (il y a là bien sûr un paradoxe
: comment peut-on savoir que ce moi est gratuit s’il a été fabriqué
de toute pièce sans que je le veuille. Ou est le don et la gratuité
quand un donneur donne à un être qui n’est pas distinct de lui-même
puisqu’il l’a créé de toute pièce, de bout en bout, comme un
reflet ?Le don est ici purement égoïste, un moyen pour Dieu de s’admirer
et de se déclarer à lui-même une reconnaissance infinie). La
gratuité ne ressort pas ici de l’abandon. La gratuité s’effectue dans
un rapport : il y a donc transaction. (1) L’homme reçoit l’amour de Dieu;
(2) il n’est pas obligé de le lui rendre mais (3) ne pas lui rendre est une
méconnaissance préjudiciable. Tout cela ressemble fort à la
logique même du don (donner/recevoir/rendre), ou la transaction n’est pas obligatoire. |